Lettre à Bali.
- LaPetiteRobeVoyage
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Salut toi,
Je t'écris depuis un espace temps entre deux voyages. Celui qui va m'amener à toi et le vrai voyage, celui qui va partager avec toi.
On est le 9 juin 2025. Le compte à rebours à commencé. Dans un mois je décolle pour l'Asie de nouveau. Après quelques années de désertion. Il y a eu le covid et il y a eu la vie.
J'ai entendu quelque part récemment que cette sensation du temps qui s'accélère avec les années qui passe est justifiée par la proportion que représente une année, chaque année sur l'échelle de notre vie. Chaque année sa proportion décroit et le sentiment du temps qui nous échappe grandit proportionnellement.
Je m'adresse à toi, qui va accompagner mon voyage ou j'imagine mieux une partie de mon voyage. Tu fais déjà parti de l'histoire et j'ai hâte de décoller pour venir te rejoindre.
J'ignore tout de toi alors qu'on est déjà connectés l'un à l'autre. Je ne sais pas si tu vis là bas ou si toi aussi tu prépares un voyage. J'ai le sentiment que tu sera seul et que tu aura l'espace pour m'accueillir. Je sais qu'on va rire, peut être même pleurer. Il se peut qu'il y ait des silences, je les aime c'est pour moi un signe de confiance. Quand je peux m'épancher au silence avec un amie à mes côtés. Savourer l'instant.
J'apprécie déjà ta présence et je sais que nous garderons des liens. On ne se défait jamais des souvenirs qu'on tisse et toi c'est spécial.
Je sais que là bas m'attend quelqu'un. Peut être moi, peut être toi.
Quand je voyage c'est souvent pour volontairement me faire sortir de ma zone de confort où m'attend l'extraordinaire. Ce qui sort de l'ordinaire, du quotidien. Ressentir cette adrénaline, l'excitation d'abord, l'appréhension puis le grand saut le waw.
Ce sentiment m'est familier tout autant que le bien être que me procure une séance de sport après un effort soutenu.
Je voyage pour prendre de la distance et du recul par rapport à mon quotidien. Ce qui m'entoure, mon environement et ce qui m'habite, mes pensées. Les tourments, la charge.
Je m'échappe. Et de loin tout semble tout petit. Si minuscule. Banal.
J'aime regarder la vie, à travers le prisme d'hommes et de femmes qui vivent sur la même planète mais de façon paradoxalement similaire et différente.
J'aime confronter ma réalité à l'ailleurs. Regarder mon quotidien, mon lot, ma croix avec les yeux d'ailleurs. J'ai le sentiment d'y voir plus clair, plus juste.
Il y a quelque chose aussi qui m' a marqué il y a quelques années. Alors que je travaillais dans une auberge de jeunesse, souvent je sympathisais et nouais des liens avec des guests. L'un d'entre eux, Flavio, un légionaire italien qui n'avait pas sa langue dans la poche et m'avait appris le plus cru de la langue italienne, m'avait dit de façon très franche :
il te faut quelqu'un avec qui tu ne parle pas français. Comme ça il n'y a pas de malentendu. Quand c'est pas ta langue maternelle, tu parles simplement avec les mots justes. Tu vas droit au but.
Et j j'observe qu'il y a une part de vérité dans mon expérience de son propos jusqu'alors.
Je parle couramment l'anglais, c'est mon passeport et la langue que j'utilise partout où je vais. Néanmoins l'anglais n'étant pas ma langue maternelle je n'utilise pas toutes les subtilités auxquelles je pourrais avoir recours en français. En effet je parle sans fioritures, sans détour. Et les liens qui en découlent sont peut être à l'origine plus spontanées, authentiques. Dénués des apparats intrinsèques à la maitrise.
Je pars à Bali dans un mois. Je fais un stop à Abu Dhabi. La compagnie Ethiad m'a proposé un stop de 24 ou 48h, avec hôtel offert. Je me suis dit 24h pourquoi pas, j'irai visiter la mosquée dont tout le monde ne parle pas mais que tout le monde affiche et je ferai sûrement de même.
C'était pas prévu mais quand une expérience s'offre à moi je me dis que quelque chose m'attend. Alors j'y vais, le coeur ouvert.
Je m'éloigne du sujet, c'est tout moi.
Je t'écris alors pour te remercier. D'où je suis je sais que je serai riche des enseignements de ce voyage et plus encore des rencontres qui vont se succéder ou s'entremêler sur mon chemin. On n'est jamais vraiment la même personne quand d'autres âmes viennent croiser notre route et partager. Il se peut qu'on refasse le monde, qu'on passe une nuit ou plusieurs à parler. La nuit m'inspire, m'anime. Me porte. J'aime la profondeur des confessions au clair de lune. Me coucher au petit matin, à la fraîche.
Regarder les étoiles. Imaginer qu'on est au dessus du vide. Etre prise de vertige.
Peut être qu'on fera des projets pour demain. Peut être qu'on partagera une chambre, une cabane, un bain de minuit. J'aime beaucoup me baigner la nuit, j'aime nager au clair de lune. Envoyer valser la serviette et le maillot et tout le monde s'en fout parce qu'il n'y a personne pour le voir. Peut-être qu'on écrira une chanson, que je te ferai lire ce que j'écris. Des photos on en prendra comment serait-ce autrement, tu sera sur la pellicule. Pendant combien d'années je vais scroller et voir ton sourire et ces moments qui vont exister.
Et cette question qui revient: jusqu'à quand peut on dire qu'on a la vie devant soi ?
Tu l'aura compris je n'ai aucune idée d'où je mets les pieds. Bali m'inspire et m'attire alors j'y vais. Je sais que j'atterris à Denpasar. J'ai entendu parler des îles Gili. C'est tout. Je n'ai encore rien réservé et rien prévu. Tout est possible. Je ne chercher pas à prévoir le voyage, je n'en ai pas besoin et je sais pas faire ce n'est pas dans mon ADN. J'aime me laisser porter et de cette façon j'ai l'impression de vivre. J'aime cultiver ce sentiment de tous les possibles. Je ne consulte aucun site, j'évite les photos, les posts. Je veux me laisser surprendre, découvrir d'abord avec mes yeux, mon regard sur le monde le plus dénué possible des projections qui ne sont pas les miennes.
Je t'écris il fait nuit. Deux bougies. Je me fais bouffer par les moustiques et aucune cire n'y peut rien. Les crapauds s'égosillent, ils sont à l'heure comme chaque soir. Mon fils dort dans mon lit. Il y a des grillons. L'air est doux, il fait bon.
Je n'ai booké que mes billets d'avion. Depuis hier je scrolle sur airbnb, je me dis qu'il faut que je réserve quand même au moins mes trois premières nuits. Ce sera à Ubud. Ca me donne envie de relire Gounelle, le premier que j'ai lu qui se déroule là bas. J'ai entamé sa lecture au bord de l'eau, lors de mon premier voyage seule et c'était à Phueket, jetlaguée. Je me fais atomiser par les moustiques je suis rentrée.
Qui que tu sois, où que tu sois je t'aime déjà. Ca peut paraitre brut. J'aime les gens que j'aime vraiment, simplement comme on le dit si bien en italien je leur veux du bien. Ti volglio bene. J'espère que tu es heureux, heureuse et je t'envoie du soleil.
J'ai hâte de te rencontrer, de croiser ton chemin, de tomber sur toi. Je m'interdit un peu de penser à toi parce que je ne veux rien prévoir et laisser la vie m'amener où je devrai me trouver.
With love & kindness,
Ta nouvelle amie.
Audrey
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