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24H à Abu Dhabi

Je vais te raconter comment ça s’est passé. Je partais à Bali. Mais avant d'entamer ce voyage, j'ai fait escale 24h aux Emirats Arabes Unis.


9 juillet 2025 : je pars à l’aéroport, Tchoupi dans les bras. Talleyrand disait que "si cela va sans dire, cela ira encore mieux en le disant" : mon fils va me manquer. Il est un peu avec moi comme ça. Il est 9:00 du matin, je décolle vers 11:00.


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Je suis étonnée mais je décolle bien du Terminal 2 à Nice, avec la compagnie Etihad. Je connais bien ce terminal. J’aime boire mon café à l’étage avec la vue qui surplombe la piste d’atterrissage. La lumière du matin éblouit l’immense vitre qui me sépare du tarmac. Je crois bien que c’est mon avion qui m’attend là devant moi. C’est majestueux cet engin, un géant dont les ailes ne l’empêchent pas de marcher. Bientôt il sera à sa place, là où les frontières n’existent plus, au-dessus de tout et nulle part, dans un océan de possibles, niché au-dessus de centaines de milliers de fourmis qui ne l’entendent pas, abritant des voyageurs qui oublient leurs vertiges. 



J’observe le matin se fondre dans le décor romanesque de l’aéroport, et de temps en temps je jette un coup d'œil au tableau d’affichage. Sans même avoir eu la chance d'apercevoir un Go to gate je me retrouve soudain face à une ligne bien trop claire, sans nuances qui annonce nonchalamment un tragique CLOSED. Je ne connais que trop bien ce statut, irrémédiable, pour avoir déjà ostensiblement raté un vol (retour, plutôt cool quand on sait que j’étais peu animée par l’envie de rentrer). 

Je me mets alors à courir, à passer la douane aussi rapidement que possible et ce fut possible. Je me suis ruée vers la porte d’embarquement, me délestant de mon café à bout de bras, risquant à tout moment de me le renverser dessus. Là je trouve du personnel qui m’informe que l’affichage est une erreur et qu’ils viennent d’en demander la correction. Bientôt Boarding s’affichera et me permettra d’entamer la première partie du voyage. 

Il n’y a rien à retenir de ce vol de 6h des plus banals qui m’a amené à Abu Dhabi où j’allais passer les 24 prochaines heures. Saut la lecture entamée d'un chef d'oeuvre déniché dans les rayons d'une librairie quelques jours auparavant. En réservant mes billets d’avion sur le site de la compagnie Etihad, celle-ci m’a proposé une ou deux nuits d’hôtel, à l’aller et au retour gratuitement. J’ai opté pour une nuit à l’aller. Je me suis dit qu’une courte pause me permettrait de souffler et d’arriver moins fatiguée à Bali. Et ce serait l’occasion d’aller faire un tour dans une ville dans laquelle je n’ai pas pour projet d’aller passer des vacances, pourquoi pas voir. J’irai voir la fameuse mosquée immaculée Cheikh Zayed qui abrite les photos les plus instagramables de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux. 

Je suis arrivée à l’hôtel en fin d’après-midi, fichtrement sur évalué sur google. Je sors du taxi, et j’entre dans un hall pas si grand dans une ambiance si masculine. Je me dis que c’est que pour une nuit, ça va aller. Je monte au septième étage où se trouve ma chambre. Les couloirs sentent l’humidité. La chambre est propre et dans son jus. Je l’imaginais plus moderne. 

La première chose que je fais c’est appeler mon fils en vidéo. Et là je me prends un mur : appels et visio refusées via whatsaap depuis les EAU. Je demande alors au père de mon fils de m’ajouter sur instagram pour faire la visio. On devient alors “amis” quel paradoxe. La tentative est vaine, les appels et visio sont là aussi bloqués. Je me retrouve à laisser des voices à mon fils. Je me sens prise de court. Je vérifie rapidement si en Indonésie c’est la même chose. Ouf non: aucune restriction de la sorte. Ok, ça va aller t’es là pour 24h. 


Je prends une douche et je sors. Je demande où se trouve le quartier où dîner dehors et sortir. On m’oriente vers la Corniche. J’imagine un bord de mer avec des gens en terrasse. Parfois je me rends compte à posteriori que je suis complètement à côté de la plaque. Alors j’avance dans ces immenses rues, quasi vides, intriguée. Heureuse d’être ailleurs. D’avancer sans savoir tellement où je vais. Il n’y a quasiment que des hommes dans la rue, dans les pelouses, sur les bancs, aux passages piétons. La ville a des allures new yorkaises avec quelque chose en moins. Il fait sacrément chaud en ce début de soirée. Je m’imagine la Corniche en bord de mer. C’est ce que j’ai presque compris. Alors quand j'aperçois un panneau qui m’indique que ma direction se trouve sur le boulevard de gauche, j’emprunte plutôt la longue avenue qui s’étend devant moi parce que ça sent la mer. L’iode. 

J’avance jusqu’à prendre un passage souterrain pour traverser les doubles voies, où l’atmosphère est étouffante. Je me retrouve face à une plage qui n’existe que dans mon imagination. La mer borde la chaussée. La plage c’est ailleurs. La Corniche un quartier sur une parallèle. Je m’y dirige, toujours à la recherche d’un corner où je tomberai sur des pairs. Je finis par comprendre que les restaurants se trouvent dans les malls. Je m’engouffre dans le World Trade Center et monte jusqu’à un Irish Pub The Irish Vickers. Le resto que me recommandait Chagpt n’existe plus (le feu Back Yard Bistro). Tant pis j’ai faim. On fume à l’intérieur. Je ne fume pas. Les frites sont exquises, le burger aussi. Je bois un Negroni, c’est souvent mon premier choix quand ce n’est pas un Spritz. J’ai pas tellement envie d’être là. J’observe les hommes jouer au billard, aux fléchettes. La seule présence féminine fait le service.

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Bientôt je retournerai à mes rues désertes, errer, heureuse d’être dehors et libre. Je m’arrête dans un Starbucks il est 1:00 du matin pour prendre un Iced coffee. Je sais pas si j’ai envie de me coucher, mais j’ai pas envie de me réveiller tard, autant profiter et aller voir ce qu’il y a à voir. 

Ce soir là je m’endors facilement. Je dors super bien. Les draps sont satinés, j’adore ça.









Aussitôt réveillée et prête, je prends un café to go chez l’Italien, le restau de l’hôtel. Et je m’engouffre dans un taxi stationné devant direction la Mosquée Cheikh Zayed. 

Je me suis habillée en tenue traditionnelle Marocaine, une djellaba amenée pour l’occasion. Une tenue beige, classique là bas. L’illusion fut de courte durée. On me dit vite que mes bras devraient être entièrement couverts ainsi que mes chevilles pour visiter la fameuse. A mon arrivée dans ce lieu majestueux qui se dresse au milieu d’un désert d'une chaleur suffocante, je descend du taxi et m’engouffre dans un mall. Une capsule de verre signifie un escalator, qui me descend dans un gouffre de climatisation. Tout y est : Tim Hortons, Starbucks, Hagendaaz. Je m’exécute et achète une tenue parmi les plus abordables. Il y en a pour tous les goûts et tous les prix. 

Bientôt je m’avancerai dans ces couloirs interminables aux allures d’aéroport, où je remarquerai que je dois aussi porter la capuche et dissimuler mes cheveux. Vite l’injustice me frappe. Les hommes portes des shorts et manches courtes, je vous parle même pas des cheveux. Je joue le jeux. J’arpente les corridors, je suis subjuguée par l’architecture et le blanc immaculé. La construction, il fait si chaud, comment est-ce possible si seulement ça l’était. Je remarque rapidement que la prière s’incline devant la mise en scène. Chacun prend la pose comme si ça les rapprochait de quelque chose de supérieur. Je ne sais pas si on cherche davantage à élever son âme et sa foi au milieu de ces cursives ou son nombre d'abonnés.


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Je fais de même, je prends quelques photos. Je m’avance devant le plus grand tapis du monde avec les visages que j’imagine agenouillés, le tisser. Chacun défile pour son cadre, je m’avance et je prie en silence. Non je ne me soustrais à aucune forme de pratique ou de religion, je me souviens la chance que j’ai, d’être là et d’être libre. J’ai de la reconnaissance pour les heures et les vies de travail qui permettent à mes yeux de s’émerveiller et à la petite fille de se croire un peu au pays d’Aladin. Rapidement je pars. Je crève d’envier de faire tomber la capuche, ce que je fais rapidement quand je retrouve les longs couloirs du mall. Dans le taxi j’enlève ma tenue que je range dans mon sac. Quelques heures plus tard je l’offrirai à une serveuse dans le café du Louvre où je prendrai un thé glacé. Ce geste recevra un sourire qui en vaut mille. 

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Je demande au chauffeur de me déposer dans ce musée au nom emprunté au notre. Patriote oui sans faute. Je me souviens de l’allée qui borde le musée au nom emprunté à notre ancien président Monsieur Jacques Chirac. Je suis surprise puis je me souviens des oeuvres historiques de ce monsieur ainsi que de sa poigne. L’homme. 



Une oeuvre d’art s’étend alors à nouveau devant moi. Une architecture moderne et ouverte. Je prends un ticket d’entrée qui me coute AED 65 c'est à dire environ 15€.

Je me dirige rapidement vers un snack situé dans la cour intérieure. J’ai un peu faim, n’ayant pris qu’un café à la volée le matin. La chaleur est harassante. Je prends un panini veggi et une salade de fruit. Les prix sont corrects pour le lieu. Ca me surprend même un peu. Il y a un léger courant d’air, c’est vraiment agréable. Je me pose, je lis un peu. J’ai outrageusement entamé la lecture de Ce que je sais de toi dans l’avion. J’ai dévoré ce livre jusque là. L’écriture est d’une rare agilité, l’auteur Eric Chacour a écrit un chef d’oeuvre. La forme autant que le fond de ce livre m’on saisit de beauté et de subtilité face à un sujet si dénué d’apparat. 

Je profite, mon vol est tard ce soir. J’ai le temps et j’aime le prendre. J’ai reçu un appel interne, d’abord étonnée de voir s’afficher l’indicatif des Emirats Arabes Unis sur mon téléphone j’ai décroché, distraite. C’était la compagnie aérienne Ethiad, une hôtesse prenait le temps de m’appeler pour m’informer ou plutôt me rappeler parce que cela faisait plusieurs jours qu’un email m’en avait avisé, du retard d’une heure de mon vol ce soir. Quel service !

Je la remerciais et raccrochait. J’ai le temps. Je commence à rapidement calculer vers quelle heure il faudrait que je quitte mon hôtel ce soir, situé à une heure de l’aéroport. 

Puis je visite Le Louvre. C’est toujours très étonnant de trouver des oeuvres françaises (corpo hein, toujours) à l’internationale. Manet, Picasso. 

L’art antique revêt une pudeur inédite. Aucune femme ni aucun homme en tenue d’Adam. Eve a fait no show

Le musée revêt des allures de modernité, des citations craquantes par ci par là, et se pare de manière subtile d’une forme de conservatisme. Le subtil est dans ce qui n’est pas à mis en scène. Souvent. Toujours.  




Je finis ma visite par un tour au musée des enfants. Spectaculaire. J’ai adoré. Je me suis immédiatement dit “il faut que j’amène mon fils ici”. Il y a tout un espace dédié à l’astronomie qui vaut le détour. C’est interactif, ludique, immersif.

La visite du musée selon moi vaut le détour si vous êtes en escale à Abu Dhabi. Je dois avouer qu’à un certain moment de la journée, je me suis demandée combien de temps il me restait ici, espérant ne pas m’être trompée et bien décoller le soir même. 24h c’était suffisant pour moi. J’ai eu le sentiment d’avoir vu ce que j’avais à voir, et j’avais envie d’ailleurs. 


Aux alentours de 18:00 j’ai pris un taxi à l’improviste devant mon hôtel. Je ne savais pas que mon voyage, celui que j’étais venu chercher aller démarrer là, dans cet habitacle. 

J'ai décidé de porter un Tee-shirt confectionné par mon fils pour l'occasion qui arbore un "bon voyage maman" et des dessins d'enfant, il est avec moi. Toujours.


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J’ai rencontré mon chauffeur Denis, avec qui on a commencé à parler de la lune, de la vie. D’où on venait respectivement. La conversation est arrivée au point d’échanger sur ce qui motivait mon voyage seule, en direction de Bali. 

Je lui dis, aussi succinctement que sincèrement, que j’étais venu chercher une forme de paix que je ne trouvais plus chez moi (en France?) 

Denis m’a dit dans les mots les plus simples, et justes que la paix je ne la trouverais nulle part ailleurs qu’en moi. “Elle est en toi la paix.” 

Sur le coup mon ego a eu envie de répondre : ”sérieusement j’ai entamé tout ce voyage pour m’entendre dire ça” ? Au fond de moi je le savais déjà, et ses mots n’ont fait que soulever le début d’une prise de conscience. Le début d’un voyage.  

On s’est parlé, je lui ai livré ce qui me faisait mal d’où je venais.  La voiture s’est arrêtée devant le terminal.  Les déceptions. Stationnée à l’emplacement réservé à rapidement déposer un passager. Je suis partie de chez moi un brin de désespoir au coeur, Un brin qui pesait lourd. Envers l’être humain. Je ne cessais de rencontrer des personnes qui me décevaient, manquaient de clarté, d’engagement, de sincérité, d’authenticité, de spontanéité. De tout ce qui fait l’essence même des vrais échanges, des vraies relations. Je me sentais étrangère au monde qui m’entourait. Trop entière, naïve, empreinte de valeurs qui ne résonnent plus nulle part. Je me suis dit en entament ce voyage, j’espère qu’ailleurs il existe encore des êtres humains qui ont une parole, des valeurs, des croyances. J’espère qu’ailleurs il existe encore des connexions au travers des cœurs, une vérité essentielle. Pas de relations feintes, calculées, éphémères. Mirages. Je cherchais un arc en ciel. Un indice qui m’aiderait à tenir bon, à me permettre de rester moi même dans ce monde de fou qui rejette l’imprévu. Dans ce monde individualiste et parfois cruel où je ne me sentais plus vraiment comprise, une gosse à qui on a appris à n’avoir qu’une parole et qui se retrouve au beau milieu d’une partie de Poker, pire d’un Casino. J’avais plus rien à faire là. 

En voyageant j’ai changé de focale. J’ai dézoommé, finalement vue d’un peu plus haut quand on a pris le large, beaucoup de choses deviennent aussi insignifiantes qu’elles le sont en réalité. 


Je me suis avancée au comptoir où j’ai déposé mon sac le plus lourd. Et d’un pas plus léger j’ai traversé la sécurité et j’ai embarqué pour un voyage où rien n’était prévu mais où tout semblait finalement m’attendre. 


La suite arrive bientôt...


Pour retrouver toutes les videos live de mon voyage rendez-vous sur mon compte instagram dans les stories à la une.

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